Je suis un autodidacte du théâtre. Et un polyvalent du spectacle. Né d’une mère poète et chanteuse et d’un père journaliste, il devait être inscrit quelque part que mon héritage n’aurait pas de testament. Que j’en ferais ce que je voulais ou pourrais. Qu’il se rédigerait au fil des rencontres. Qu’il s’enrichirait au gré des hasards. Tout en effet me prédisposait à un parcours artistique et rien pourtant ne m’y obligeait. Une trace, en effet, n’est pas un chemin.Le tout alors commence dans la rue : à Mons, où je vis alors, une fois terminées mes études en arts plastiques à l’Institut Saint Luc dont je viens de sortir muni d’un diplôme de « peintre dessinateur » en publicité, on dira aujourd’hui graphiste. C’est dans la rue donc que je rencontre Yves Hunstadt qui s’en va jouer au Théâtre de Mons. Il m’y invite, j’y vais, ce sera mon premier choc. « Gilbert » sera mon père de théâtre.Tandis qu’un peu plus tard j’exerce mon service civil à la Médiathèque, je deviens l’assistant d’un artiste chorégraphe et plasticien, Patricio Lagos, pour la conception et la réalisation de costumes, de décors et de maquillages. Claude Semal me propose alors de me charger de la régie de son spectacle culte « Ode à ma douche » qui me vaudra d’être engagé par Charlie Degotte pour son non moins culte « Yzz ! Yzz ! » qui me vaudra notamment de lire tout Shakespeare. C’est avec Semal et Degotte que, dans la foulée, nous décidons d’ouvrir un café-théâtre. Un nom : le théâtre « Le Café ». Et un objectif : jouer, faire notre métier. J’en suis le régisseur, un des programmateurs et metteurs en branle de “Revues du café” autant hystériques que créatives. C’est un vivier de talents, un brassage de rencontres : de Christian Hecq à Yan Hamenneker, de Margareth Gennes à Benoît Vehaert ou encore Frédéric Dussenne et toujours Yves Hunstadt.C’est là également que je fais la connaissance de Eddy Krzeptowski, qui m’entraîne pour une vie de bohême avec son Théâtre Forain et ses spectacles de rue pour cinq ans de tournées. Après quoi, c’est au théâtre action que je me voue pour la direction technique du Festival International de Théâtre Action (FITA) que j’assure depuis 1998.Le café théâtre « Le jardin de ma sœur » ayant souhaité me confier une mise en scène, j’y réalise deux autres créations, dont une opérette, histoire d’affiner ma vocation de « touche à tout » du théâtre.Je repars en tournée avec, cette fois, un chanteur, Romain Didier, et suis embarqué dans “L’Affaire Elseneur” montée au Phénix de Valenciennes par Tatiana Stepancheko. J’en assure la régie générale. Mes amours changeant, je m’intéresse de près au tango. Petit à petit j’aide, j’organise et assume la logistique de la « Cellule 133a », un petit lieu non subventionné proche de la prison de Saint-Gilles. Les fondateurs de cette école de danse me demandent d’y organiser aussi des concerts et des cabarets. J’y programme depuis cinq ans de la chanson française en compagnie d’Antoine Quinet et y suis devenu, depuis deux ans, programmateur et animateur général. Se retrouvent dans ce lieu des comédiens, des danseurs, des chanteurs dont l’objectif est de créer « coûte que coûte » et à qui je peux offrir, grâce à la bonne gestion générale, de courtes résidences de travail à des compagnies ou à des projets en cours. J’aborderai plus loin la dernière réalisation du lieu, « le Festival de Bruxelles », festival estival de danse et de théâtre et premier du nom, que j’y ai organisé en quelques jours et qui, 25 représentations plus tard et quelque 700 places vendues, a essuyé les plâtres du manque d’une offre théâtrale estivale de qualité et d’une demande déjà forte d’une perpétuation car, tant du point de vue du public que des artistes, la pression est là.Cette sorte de biographie express que je vous ai livrée n’avait d’autre but que de souligner et d’expliciter que ma venue au théâtre, outre qu’elle fut hasardeuse, est le fruit de la connaissance de toutes ses coulisses et de chacun de ses jardins en même temps qu’elle résulte de l’intérêt que j’ai pour la découverte des autres et de l’intuition que je développe pour la rencontre et la mise en relation des gens et des genres.